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Crédit photo: Jasmino Sirop
||| Emballage

Quand l’écoconception des emballages devient rentable

13 décembre 2022 | Par Sophie Poisson

Des producteurs et transformateurs du Centre-du-Québec ont fait connaître leur besoin de repenser leurs emballages. Le sujet a donc été inséré dans le plan d’actions du projet Économie circulaire Centre-du-Québec porté par la Corporation du développement durable (CDD). Et c’est ainsi qu’une cohorte en écoconception des emballages a vu le jour mi-septembre à Saint-Léonard-d’Aston avec 12 entreprises issues du domaine agroalimentaire.

« Je trouvais intéressant de faire partie de la cohorte parce que ce sont des valeurs qui me tiennent à cœur, explique Kathie Provencher, fondatrice de Jasmino Sirop et participante à la cohorte. J’essaye d’avoir une entreprise écoresponsable et de faire les bons choix en ce sens. »

Depuis un an et demi, son sirop d’érable se retrouve dans les boîtes-repas de prêt-à-cuisiner Cook it. En fonction des recettes, l’entrepreneure doit portionner son produit en 20ml, 40ml ou 60ml. Jusqu’à présent, son fournisseur d’emballage lui offrait uniquement un format de 20ml, ce qui l’obligeait parfois d’en mettre trois par commande. Ces coupes en plastique avec pellicule d’aluminium devaient se conserver au réfrigérateur et avaient en plus l’inconvénient d’être fragiles lors du transport.

Un emballage adapté à ses marchés

La cohorte lui a permis de déterminer un meilleur emballage pour un produit portionné. « On veut portionner, même si c’est un peu moins écoresponsable, parce que le sirop d’érable est encore à découvrir : ce n’est pas la majorité des consommateurs - surtout en dehors du Québec - qui l’utilisent au quotidien comme du sucre. Cela les rend aussi plus accessibles financièrement parce que c’est un produit de qualité qui reste de luxe », justifie Kathie Provencher.

Elle s’est donc équipée d’une machine qui lui permet de portionner sous vide le sirop d’érable lorsqu’il est encore chaud dans un emballage recyclable. Elle peut ainsi adapter le format de la pochette à la commande et réduire les coûts énergétiques en la gardant à température pièce. Cette option étant également plus résistante au transport donne plus de flexibilité à l’entrepreneure qui souhaite développer ses marchés, dont ceux de l’hôtellerie et des résidences privées pour aînés.

« La cohorte m’a confirmé que pour l’instant, c’était le meilleur emballage pour mes besoins et la bonne machine, se réjouit la fondatrice. Elle m’a donné accès à des connaissances que je n’avais pas sur l’écoresponsabilité, la durabilité, la mise en marché, le choix des matières... Ça m’a également aidé à connaître les enjeux d’autres entreprises, car si chacun a sa propre réalité, on a tous un peu le même genre de défis. »

Elle attend à présent les résultats finaux des tests laboratoires sur la durabilité du produit qui sont connus après 90 jours. Les nouveaux emballages donneront l’occasion de dévoiler une nouvelle image de marque.

Développer un sens critique

Parmi les autres participants, se retrouvent entre autres Les boissons Sève, Boulangerie Ppain, La carotte joyeuse et Fromagerie Victoria de Saint-Nicolas. « Les petites et moyennes entreprises (PME) comme celles de notre région vont souvent s’approvisionner d’emballages génériques, car elles ne peuvent pas se permettre de produire les leurs, souligne Myriam Pilon, conseillère en économie circulaire de la CDD. La cohorte leur permet de développer un sens critique sur les informations techniques données par les représentants qui leur vendent des emballages. »

L’un des exemples donnés est celui d’un produit qui a le logo compostable, mais qui ne l’est pas dans la plupart des centres de tri au Québec. Un emballage recyclable qui serait accepté dans l’ensemble des centres de tri serait alors préférable. La cohorte a commencé par une formation de quatre heures sur les emballages écoresponsables, donnée par la firme de services-conseils en optimisation et écoresponsabilité d’emballages Papineau & Co.

« Le volet formation de la cohorte est important parce que pour les PME, l’écoconception peut sembler être une théorie un peu grande et l’entrepreneur a plusieurs chapeaux, sans avoir une personne spécialisée dans ces enjeux pour l’aider. La cohorte a un effet mobilisant, en plus d’être informatif », insiste Jacinthe Roy, directrice générale de la CDD.

Des gains de productivité à la clé

La cohorte reçoit ensuite un accompagnement personnalisé de 12 heures. L’expert chez Papineau & Co, Louis Papineau, visite alors l’entreprise et rencontre l’entrepreneur pour connaître ses enjeux.

« C’est aussi un bon point de départ pour évaluer les gains de productivité en lien avec les emballages, annonce Myriam Pilon. Par exemple, une entreprise faisait ses emballages à la main et l’expert l’a conseillé pour trouver une machine qui ne soit pas hors de prix. Si elle n’est pas parfaite et requiert une surveillance, elle permet de déplacer l’un des deux employés à une autre tâche. »

Ce mois-ci, l’expert va livrer un rapport à chaque entreprise qui inclut les pistes de solution et leur impact environnemental. L’objectif ultime est de réduire leur impact environnemental en lien avec l’emballage. Dix entreprises de la cohorte bénéficient du financement du Fonds Écoleader, une initiative du gouvernement du Québec visant à orienter et soutenir les entreprises dans l’implantation de pratiques d’affaires écoresponsables et de technologies propres.

L’écoconception des emballages est l’une des 12 stratégies qui existent en économie circulaire. Parmi les autres, les maillages, le partage d’équipement ou encore de main-d’œuvre peuvent également être cités.

À lire aussi : Tout déballer démasque l’enjeu des emballages

Pour suivre la Corporation du développement durable :

Mots-clés: Développement durable
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