brightness_4
brightness_4
||| Tendances

Argent comptant dans les commerces : une mort annoncée ?

9 mars 2021 | Par Sophie Ginoux

La dématérialisation de l’argent comptant dans les commerces a débuté depuis des années, mais la pandémie de COVID-19 a accéléré ce phénomène. Nos billets et nos pièces de monnaie disparaîtront-ils d’ici 2030 ?

Le recours systématique aux paiements électroniques n’a pas débuté en 2020. Selon un rapport réalisé par Option consommateurs, les transactions en numéraire, qui s’élevaient en 2008 à 47,7 % du volume des transactions au Canada, ne comptaient plus que pour 29,8 % en 2017. Et cette proportion avait encore dégringolé à 15 % en 2019, faisant du Canada le pays où l’emploi du numéraire est le moins important au monde.

Parallèlement, la prolifération des initiatives commerciales sans contact – caisses rapides réservées aux paiements électroniques, magasins entièrement sans liquide comme certaines franchises du géant Carrefour, magasins autonomes comme Amazon Go ou, directement au Québec, le lancement en janvier dernier d’un magasin connecté pilote Couche-Tard sur le campus de l’Université McGill – ont entériné une nouvelle manière de faire son épicerie, qui deviendra une tendance phare au cours des prochaines années.

Coup d’accélérateur pandémique

L’année 2020 a constitué une étape marquante dans le milieu de la distribution. Les mentions « Nous acceptons uniquement les cartes de débit et de crédit » se sont multipliées sur les vitrines de grands comme de petits commerces du Québec.
Un article de La Presse relatait qu’au début de la pandémie, La Société des alcools du Québec, la Société québécoise du cannabis, les Rôtisseries St-Hubert, la chaîne Patrick Morin et une épicerie Métro de Montréal, pour ne nommer qu’eux, avaient pris la décision de ne plus accepter d’argent comptant.

De leur côté, situation historique oblige, les commerces qui n’avaient pas encore de boutique en ligne se sont convertis massivement à ce modèle pour toucher leur clientèle confinée ou aux déplacements restreints. Selon le CYRANO dans le document Le Québec économique 9, si en 2017 environ 20 000 d’entre elles avaient fait le saut en commerce électronique, leur nombre est passé à 63 000 en 2020. De plus, il faut savoir que 56 % des Québécois ont acheté par le biais d’Internet pour la première fois durant la crise, et 86 % d’entre eux estiment qu’ils garderont cette habitude dans le futur.

Frein social

Plusieurs associations et la Banque du Canada ont condamné le bannissement de l’argent comptant dans les commerces, en raison de l’impact nocif que cela pouvait entraîner auprès d’une tranche de la population canadienne qui ne possède pas de compte dans une institution bancaire (3 %) ou qui est sous-bancarisée à cause d’une faillite ou d’un mauvais dossier de crédit (15 %).
Les personnes âgées de plus de 55 ans sont également plus enclines, selon Option consommateurs, à utiliser du liquide que des cartes de paiement. Le débat est par conséquent encore ouvert quant à la dématérialisation totale de l’argent comptant dans les commerces. Mais une chose est sûre, c’est que si la tendance se maintient, la grande majorité - voire l’intégralité des achats - se fera sans numéraire d’ici 2030.