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Crédit photo: Dunord

Dunord, du prêt-à-cuisiner déshydraté

7 avril 2023 | Par Sophie Poisson

Dunord est une entreprise montréalaise qui a été lancée à l’automne et vise à réduire le gaspillage alimentaire en popularisant les repas déshydratés à base de plantes ainsi qu’en rescapant les surplus de fermes locales. À sa gamme régulière de prêts-à-manger, elle ajoute une boîte mensuelle.

« Le plus gros défi pour nous est le problème du légume invendu, soit parce qu’il n’est pas assez beau, soit parce qu’il est tellement en abondance que le prix du marché est plus bas que le coût lié à sa récolte, explique Jonathan Dumas, fondateur de Dunord. Les prêts-à-cuisiner déshydratés créent un autre type de demande, sans avoir la variable du temps. » Le processus de transformation apporterait de la simplicité : les produits ayant une bonne durée de conservation, il y a moins de pression sur les ventes et pas de pertes en inventaire.

Pour créer ses repas, le fondateur a contacté les Fermes Lufa à Montréal, car elle dispose d’un important réseau de fermiers biologiques et sait quand il y a des surplus. Avec le temps et sa présence sur des salons comme Expo Manger Santé et Vivre Vert, il pense que les fermiers prendront aussi le réflexe de l’appeler.

Si certains lui ont proposé des dons, il a acheté l’an dernier ses légumes au prix coûtant : « Notre but est que ce soit aussi un modèle intéressant pour les fermiers, c’est-à-dire de récompenser ceux qui font l’effort d’avoir un partenariat pour réduire le gaspillage alimentaire. »

Priorité aux légumes biologiques

La ferme avec laquelle il travaille le plus étroitement jusqu’à présent est Les Jardins Glennora (Montérégie) qui lui fournit principalement du chou kale biologique. « Dans l’idéal, j’aimerais que ce projet aille au-delà du 10 % de production qui est biologique, mais vu la quantité de surplus existants, on a le choix et c’est certain que je vais commencer avec le biologique ! », insiste Jonathan Dumas. Des tests sont actuellement menés pour ajouter d’autres ingrédients, notamment avec d’autres fermes de la Montérégie et de la région de Laval.

La gamme régulière de prêts-à-cuisiner est composée d’un daal boréal, d’un ramen gaspésien et d’un risotto forestier. Trois légumes, qui sont généralement déclassés ou en surplus, s’y retrouvent : l’oignon (surtout rouge), l’ail (incluant la fleur d’ail) et les champignons (principalement les shiitakes). Dunord cherche à créer des partenariats en ce sens pour assurer l’approvisionnement, sachant que les surplus ne sont généralement pas planifiés. « On s’est toutefois assuré que dans le pire des cas, on puisse acheter sur le marché ces ingrédients, par exemple la poudre d’oignon », reconnaît le fondateur. Quant au reste des ingrédients inclus dans les recettes, il souhaite favoriser ceux d’économie circulaire ; c’est ainsi qu’il aimerait que ses ramens soient faits à partir de farine de drêches.

Il a aussi développé un concept de boîte mensuelle disponible sur son site Internet. Elle lui donne plus de flexibilité, notamment en développant des repas en fonction des surplus de fermes, de les mettre rapidement à la disposition des consommateurs ainsi que d’assurer une récurrence d’achat pour bâtir son modèle d’affaires.

L’an dernier, le fondateur a lui-même fait les trajets en camion pour s’approvisionner, mais il estime que selon les cas, les fermes pourraient l’ajouter à leur déplacement, car certaines se rendent déjà à Montréal pour desservir les épiceries.

Faire découvrir la déshydratation

Plusieurs partenaires, comme La Centrale Agricole et Still Good à Montréal, ont l’équipement pour déshydrater les légumes, ce qui permet à Dunord de gérer de grands volumes. « Il y a beaucoup de déshydrateurs au Québec et ils ne sont pas utilisés à leur pleine capacité, rapporte Jonathan Dumas. Avant de dépenser des centaines de dollars en équipement, on cherche à développer le plus possible les synergies pour maximiser ce qui existe déjà. Et puis, Le Petit Mas à Martinville a par exemple de l’équipement spécifique pour l’ail ; je ne pourrais jamais avoir ce niveau d’optimisation et de proximité avec la terre. »

En ce sens, il a reçu plusieurs messages de consommateurs rappelant l’importance de manger des produits frais. « Je pense qu’ils assument que le déshydraté est moins nutritif, ce qui n’est pratiquement pas le cas, la plupart des nutriments sont gardés. Il y a donc un travail d’éducation à faire et on est conscient que c’est quelque chose à développer avec notre budget marketing. Une façon d’y arriver est d’offrir des prêts-à-cuisiner : les consommateurs ont simplement à ajouter de l’eau pour avoir un repas à impact environnemental et à petit prix », explique le fondateur.

Le nombre d’entreprises qui s’intéressent à la déshydratation est grandissant, ce qui devrait l’aider à populariser le produit. Mais Jonathan Dumas s’attend à ce que cela prenne de deux à trois ans. La façon qu’il a choisi de l’encourager, tout en se démarquant, est de mettre l’accent sur les produits boréaux. « Avoir une saveur boréale, comme la laitue de mer cueillie à la main dans le golfe du Saint-Laurent, ça touche à l’imaginaire. C’est une façon de rendre nos produits intéressants, tout en misant sur l’aspect santé. On utilise aussi les cèpes sauvages, des champignons qui une fois cueillis tiennent une journée avant d’être perdus ; la déshydratation est donc le moyen de les consommer et une façon pour moi de le mettre de l’avant. »

Les prêts-à-cuisiner Dunord se retrouvent en ligne, sur les Fermes Lufa et dans plusieurs épiceries montréalaises. Ces derniers lui permettent d’aller chercher un maximum de volumes et éventuellement d’offrir des prix plus compétitifs.

Pour suivre Dunord :

Mots-clés: Achat local
Développement durable
Montréal (06)