brightness_4
brightness_4
||| Économie

Insécurité alimentaire : Que font les détaillants du Québec ?

16 mars 2021 | Par Sophie Ginoux

Le 8 mars dernier, le groupe E. Leclerc, leader de la distribution alimentaire en France, a commencé à proposer des paniers d’épicerie à prix modique destinés à nourrir des personnes en situation de précarité financière. En France, 7 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, et 70 % des consommateurs trouvent que leur épicerie leur coûte trop cher.

Alors, en plus de son implication auprès des banques alimentaires et les associations de solidarité, l’enseigne E. Leclerc a décidé de lancer une opération nommée « 21 repas pour 21 euros », sous forme de quatre paniers de produits (dont un végétarien) de qualité A, B ou C au Nutri-Score. Une liste de bénéficiaires assez large pourra se cuisiner trois repas équilibrés par jour pendant une semaine.

Selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, de 1,4 à 1,6 million de personnes - soit 17 à 19 % de la population québécoise - vivaient en 2017 sous le seuil du revenu viable. Ce qui signifie que près d’un Québécois sur cinq peut connaître des difficultés pour se loger, mais aussi pour se nourrir. Une situation paradoxale dans une société riche et dont un des principaux fléaux est le gaspillage alimentaire, puisque nous jetons en moyenne 58 % de la nourriture tout au long de la chaîne alimentaire.

Cette situation ne s’est évidemment pas améliorée depuis le début de la pandémie de COVID-19 : la précarité financière touche un spectre de plus en plus large de la population. Pourtant, le panier d’épicerie coûte toujours le même prix. Il faut même s’attendre en 2021 à une hausse des tarifs supérieure au taux d’inflation, allant de 3 % à 5 %. Plus concrètement, une famille pourrait dépenser en moyenne 695 dollars de plus pour son épicerie cette année, ce qui n’est pas négligeable, et potentiellement néfaste pour les porte-monnaie les moins garnis.

Les initiatives sociales

En 2020, les banques alimentaires du Québec ont eu du mal à faire face à l’augmentation des demandes d’aide alimentaire. Malgré des opérations comme La Guignolée, qui a connu une année record avec plus de 4 millions de dollars de récoltés pour sa 20e édition, ainsi que de nombreuses initiatives locales comme la vente à rabais de paniers de fruits et légumes sauvés du gaspillage alimentaire dans certaines épiceries à Montréal, les besoins sont criants pour de nombreuses personnes à travers la province.

Pour y faire face, le fondateur de la Tablée des Chefs, Jean-François Archambault, a mis sur pied les Cuisines Solidaires. En l’espace de quelques semaines, au printemps dernier, il a réussi à mobiliser le personnel de 70 établissements fermés en raison des mesures sanitaires pour produire 2,4 millions de repas distribués aux quatre coins du Québec.

Cette initiative, qui se poursuit toujours avec un objectif d’au moins 1,6 million de repas en 2021, a été rendue possible grâce à de nombreux dons en argent et en nature fournis par une longue liste de partenaires, dont les enseignes IGA, Sobeys et Couche-Tard, les distributeurs Lassonde et Gastronomia, les fédérations de producteurs de porc, d’œufs et de pommes de terre, ainsi que des marques de commerce comme Olymel, Bonduelle, Nutrinor, Saputo et Burnbrae farms.

Un bel élan de solidarité qui prouve que l’implication sociale existe au Québec, et que l’idée de proposer à une plus large échelle des paniers complets d’épicerie à prix modique aux consommateurs les moins nantis, comme le fait la bannière E. Leclerc, pourrait avoir une résonance jusqu’ici.