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Crédit photo: 3 paniers

Le terme « épicerie populaire » voit le jour avec 3 paniers

6 septembre 2022 | Par Sophie Poisson

L’épicerie populaire 3 paniers a vu le jour en janvier dans le Centre communautaire d’alimentation du Carrefour solidaire du Centre-Sud, à Montréal. Sa mission est d’améliorer l’accès alimentaire du quartier. En tant que projet d’économie sociale, il prévoit de réinvestir les éventuels profits dans ses programmes, par exemple d’éducation alimentaire.

Pour sa création, 3 paniers s’est inspirée de l’expérience de commerce alimentaire et de projet d’économie sociale, obtenue avec le marché fermier saisonnier, Marché solidaire Frontenac, que le Carrefour solidaire opère depuis 2007. Les différences sont toutefois que l’épicerie est ouverte à l’année et offre une plus grande variété de produits - plus de 300 sont répertoriés, dont certains ne sont pas locaux lorsque cela permet d’abaisser considérablement le prix de vente. Elle vient ainsi répondre à un besoin qui est décrié depuis plusieurs années par les résidents.

« Le Centre-Sud est un peu un désert alimentaire : il y a peu d’épiceries avec des produits frais abordables, ce sont principalement des dépanneurs, rapporte Beccah Frasier, codirectrice générale du Carrefour solidaire. On a un IGA, mais il est fermé pour cause de rénovation et on ne sait pas quand il va rouvrir. Dans tous les cas, c’était le panier d’épicerie le plus cher sur l’île de Montréal. »

Chacun son prix

Le nom 3 paniers fait référence à son concept : chaque aliment affiche trois prix et les consommateurs paient en fonction de leurs capacités financières. Le prix le plus bas s’appelle solidaire – généralement le prix coûtant -, s’ensuit le prix suggéré – la marge dite « standard » permet d’assurer la viabilité du projet et de payer entre autres l’électricité et les caissiers –, puis le prix au suivant – la marge plus grande permet d’offrir le prix solidaire.

« On est dans un quartier où il y a beaucoup de pauvreté avec des personnes qui sont dans une situation de vulnérabilité et en même temps, il se trouve en plein milieu de la gentrification, avec des nouveaux résidents qui ont plus de flexibilité dans leur budget. L’idée est de créer des espaces de cohabitation et permettre à ceux qui sont plus aisés de participer d’une façon positive au développement de leur quartier, tout en soutenant leurs voisins dans le besoin », s’enthousiasme Beccah Frasier.

Après deux mois d’activités, 3 paniers a fait une analyse et a découvert que 50 % de ses consommateurs paient le prix suggéré, 25 % le prix solidaire et 25 % le prix au suivant. « Ça va fluctuer dans le temps, je pense, prévoit la codirectrice. On s’est par exemple rendu compte cet été qu’avec l’inflation, notre prix suggéré peut être avantageux pour certains produits, en comparaison à d’autres commerces, donc peut-être que les consommateurs vont avoir tendance à le choisir plutôt que le prix solidaire. »

Si les ventes sont étudiées mensuellement et les prix sont ajustés, une analyse plus approfondie est prévue en janvier de l’année prochaine et des ajustements pourraient s’effectuer en conséquence. Des subventions de PME Montréal et de la Ville de Montréal devraient soutenir le nouveau concept dans sa première année d’activités.

Si l’idée d’avoir trois prix de la part des fournisseurs est jugée « géniale » par Beccah Frasier, pour le moment, un seul est proposé. Elle précise toutefois qu’en tant qu’organisme communautaire, des prix avantageux sont parfois offerts, notamment lorsqu’il s’agit de surplus réalisés par les fermiers.

Une épicerie populaire

La codirectrice pense, avec 3 paniers, avoir inventé le terme « épicerie populaire » : « On est un commerce alternatif, mais régulier aussi. Tous les consommateurs peuvent entrer, quel que soit leur budget, et faire leur épicerie en ayant accès aux mêmes produits. On a essayé de créer un espace beau et accueillant où l’on vise à protéger et promouvoir la dignité de tous. »

Le Carrefour solidaire participe aussi au programme de coupons alimentaires à échelle régionale, Carte proximité, qui a été conçu pour augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs. Distribuée par plus de 40 organismes communautaires, elle se présente comme une carte cadeau et chaque mois, un montant y est déposé en fonction des revenus du ménage.

Pensés avant la pandémie, ces deux projets répondent à des besoins grandissants. « Il y a plusieurs projets d’épicerie solidaire qui voient le jour, par exemple le collectif La DAL, et on reçoit beaucoup de demandes d’informations. Si ce sont principalement des organismes communautaires, en particulier parce qu’ils sont à l’affût des besoins des personnes vulnérables dans leur quartier, je pense que ce serait vraiment intéressant de voir une entreprise privée s’engager », souligne Beccah Frasier.

L’espace où se trouve 3 paniers sert aussi de salle à manger avec 35 places assises où sont servis des repas communautaires les mardis et les jeudis. Il dispose en plus d’une cuisine de production qui permet d’offrir en épicerie des soupes, des salades, du végépâté maison ou encore des repas solidaires à 2 dollars. Cette activité permet entre autres d’utiliser un fruit qui serait tombé par terre et ainsi de limiter le gaspillage alimentaire. Des ateliers de cuisine sont en plus organisés avec les jeunes, tout comme des cuisines collectives et des événements avec des chefs invités.

Pour suivre 3 paniers :

Mots-clés: Communautaire
Montréal (06)