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Crédit photo: Loblaws
||| Économie

Les profits des épiciers discutés en comité parlementaire

7 mars 2023

Les PDG et présidents de Loblaw, Metro et Empire doivent témoigner demain devant le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes du Canada qui se penchera sur le phénomène de l’inflation alimentaire. Des observateurs du monde alimentaire canadien espèrent que les élus appliqueront une pression sur les dirigeants des grandes chaînes d’épiceries du Canada pour obtenir plus de transparence, bien que les entreprises ne pourront être obligées à divulguer plus d’informations sur leurs résultats financiers.

D’autres dirigeants d’entreprises ont déjà témoigné devant des députés, mais les représentants du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont fait part de leur mécontentement face à l’absence des PDG eux-mêmes. « Ceux qui sont à la tête de ces entreprises devraient au moins avoir à répondre aux questions sur les raisons pour lesquelles leurs bénéfices sont si élevés et pourquoi leurs prix sont si élevés », a dit le mois dernier le chef du NPD, Jagmeet Singh, d’après La Presse Canadienne.

La proposition d’entendre les chefs de file de l’industrie est venue du porte-parole néo-démocrate en matière d’agriculture, le député Alistair MacGregor, de la Colombie-Britannique. Elle a reçu l’appui unanime des députés libéraux, conservateurs et bloquistes du Comité.

Des bénéfices « records »

Alors que les épiciers réalisent des bénéfices records dans un contexte d’inflation élevée, Sylvain Charlebois, directeur du laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université Dalhousie (Nouvelle-Écosse), pense qu’il serait utile que le comité approfondisse ces données pour les trois sociétés.

Un rapport coécrit par le directeur a révélé l’automne dernier que les trois grands épiciers ont tous enregistré des bénéfices plus élevés au premier semestre 2022, en comparaison avec leurs performances moyennes au cours des cinq dernières années. Ces bénéfices coïncident avec la hausse de l’inflation puisque les prix des produits ont augmenté de 11,4 % en janvier par rapport à l’année précédente.

Selon le rapport, les résultats affichés par Loblaw se sont fait remarquer, car ils ont surpassé non seulement la performance moyenne sur cinq ans du groupe, mais aussi celle de chacune de ces années individuellement. Le bénéfice brut de la chaîne d’épiceries au premier semestre 2022 a battu ses meilleurs résultats précédents de 180 M$, ce qui équivaut à environ 1 M$ supplémentaire par jour, selon la recherche. Pourtant, le groupe avait déclaré que ses bénéfices avaient été tirés par des articles non alimentaires tels que les produits pharmaceutiques.

David Macdonald, économiste au Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), signale que les épiciers pourraient en effet tirer leurs profits des produits non alimentaires. Mais « nous n’avons aucun moyen d’évaluer cela parce que nous ne pouvons voir aucune de ces informations segmentées », constate-t-il dans une entrevue avec La Presse Canadienne. Et même si les bénéfices sont tirés des ventes de produits non alimentaires, il affirme que cela ne devrait pas protéger les entreprises de tout examen.

Une étude attendue

En octobre dernier, le Bureau de la concurrence a annoncé qu’il entreprenait une étude visant spécifiquement à déterminer si la concurrence dans le secteur de l’épicerie a joué, ou non, un rôle dans la hausse des prix. David Macdonald propose aux députés de demander aux PDG des épiceries s’ils s’engagent à fournir un accès complet à leurs dossiers financiers au Bureau de la concurrence alors qu’il entame son étude. Selon lui, sans de tels engagements, les pouvoirs du bureau seraient limités.

Un rapport final est donc attendu en juin prochain, avec des recommandations pour le gouvernement du Canada. Selon Sylvain Charlebois, le Bureau de la concurrence pourrait demander des modifications à la loi qui lui donneraient plus de pouvoir pour lutter contre la concurrence dans l’industrie. Il note qu’il est difficile de bien réussir dans le secteur de la distribution alimentaire au Canada et que les barrières commerciales inter provinciales constituent un défi majeur. Il explique que les marges des épiceries aux États-Unis sont inférieures à celles observées au Canada.

(avec La Presse Canadienne)

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Mots-clés: Inflation
Canada