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Crédit photo: Bœuf Québec
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Produits locaux : comment assurer la confiance des consommateurs

3 décembre 2021

« La confiance des Québécois dans le secteur alimentaire – aliments, étiquetage, lieux d’achats, acteurs, réglementation - est relativement élevée (80 %) et ce qui est intéressant, c’est qu’elle est en constante augmentation », souligne Ingrid Peignier, directrice principale des partenariats et de la valorisation de la recherche au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO). Avec 90 % d’indice de confiance, les fruits et légumes sont en tête de ce classement et à l’inverse, les poissons, viandes ainsi que charcuteries se retrouvent plus en bas avec un pourcentage de 60-75 %, dépendamment des aliments.

Cette différence s’explique par les préoccupations des consommateurs ou encore les problématiques de fraudes alimentaires, qui sont de plus en plus médiatisées. Des aliments plus sains sont privilégiés : 54 % des Québécois suivent les recommandations du Guide alimentaire canadien, soit une hausse de 7 points entre 2019 et 2021. Ils sont 48 % à vouloir manger plus de fruits et légumes au cours de la prochaine année et 39 % de protéines végétales, tandis que 33 % souhaitent diminuer leur consommation de viande.

Cette deuxième édition du Baromètre de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments produit par le CIRANO a été mise à l’étude lors du panel Transformateurs alimentaires : les consommateurs ont-ils confiance en vos produits ?, organisé en octobre par le Conseil des Industries Bioalimentaires de l’Île de Montréal (CIBÎM). Ce Baromètre, une initiative du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, est un outil d’aide à la décision pour le gouvernement et les acteurs de la chaîne alimentaire, qui ont réalisé une enquête en ligne.

« Axer davantage sur le côté humain »

Le niveau de transformation des aliments fait également varier les chiffres : moins les aliments sont transformés et plus la confiance des consommateurs est grande. Une hausse significative est toutefois enregistrée pour les aliments transformés – 5 ingrédients ou plus - passant de 48 % en 2019 à 54 % en 2021. L’achat local est en vogue : 39 % choisissent en priorité des aliments d’ici et 54 % prévoient d’augmenter leurs achats en ce sens. Ils sont 71 % à avoir plus confiance dans les aliments du Québec que dans les aliments importés.

« Un bon filon à retenir pour augmenter la confiance des consommateurs vis-à-vis des aliments transformés, c’est d’y aller avec la traçabilité, recommande Marianne Lefebvre, nutritionniste spécialisée en nutrition internationale. Les gens accordent une importance prédominante aux aliments locaux. Je pense qu’on devrait axer davantage sur le côté humain : quel type de ferme, quelle région... La notion de traçabilité, pourquoi ne pas l’employer pour les aliments importés qui viennent d’ailleurs ? » La nutritionniste encourage ainsi les entrepreneurs agroalimentaires québécois qui ont des origines étrangères à se lancer en affaires. Elle cite en exemple la gamme de plats surgelés tirés de recettes du pays d’origine de neuf femmes La Cheffe ou encore Les fromages Latino, une fromagerie québécoise spécialisée dans les fromages typiquement latino-américains.

La recherche de certifications

« Il va falloir davantage favoriser l’approvisionnement local et le rendre surtout plus visible sur les emballages, souvent à travers les certifications et les labels, conseille Ingrid Peignier. De manière significative, les Québécois ont une très grande confiance dans les attributs sur les étiquettes, et elle a augmenté depuis 2019. » Les attributs en lien avec l’origine des aliments, comme Aliments du Québec, se retrouvent en tête du classement, tandis que ceux en lien avec les intrants, la composition, les considérations environnementales, comme Pêche durable, sont en bas du classement, bien qu’ils avoisinent les 50 %.

Pour Fabien Jouve, chef de service Relations clients au Groupe ECOCERT Canada, le secteur du biologique est une niche en forte croissance et la tendance devrait se poursuivre : « Les 18-24 ans disent que toutes les préoccupations derrière la certification biologique comme le bien-être animal sont importantes, et de plus en plus ils en rajoutent en disant que ce n’est pas assez ; la préoccupation éthique ou le bien-être au travail, par exemple, sont également importants. »

Des considérations qui ont un prix

71 % des Québécois se disent préoccupés ou très préoccupés par la santé et le bien-être des animaux d’élevage. Jean-Sébastien Gascon, directeur général de la Société des parcs d’engraissement du Québec - Bœuf Québec, évoque la nécessité de dialoguer avec les consommateurs. À ceux qui disent que la viande rouge crée des problèmes cardiaques, il s’appuie sur la recherche récente pour répondre qu’elle est saine et nutritive. Face aux images tournées à travers le monde sur la façon d’élever les animaux, il fait remarquer que le contexte est différent au Québec, tout en précisant que l’industrie doit s’autoréguler et s’assurer d’avoir les meilleures pratiques. Quant à la production de gaz à effet de serre, il souhaite que l’industrie réagisse rapidement pour réduire cette production dans la digestion animale. « C’est certain que le bœuf devient un produit de luxe parce que les consommateurs veulent acheter un aliment sain, écologique et dans le meilleur contexte possible », souligne-t-il.

77 % des consommateurs choisissent ce qu’ils mettent dans leur panier d’épicerie en fonction du prix. Franck Hénot, propriétaire de l’Intermarché Boyer à Montréal, explique avoir toujours eu une clientèle qui n’était pas très portée sur les rabais, jusqu’à il y a environ cinq ans : « J’ai été obligé de m’y mettre parce que j’avais l’image d’un magasin qui n’était pas concurrentiel. Des partenariats avec des fournisseurs deviennent alors indispensables. Un magasin comme le mien doit devenir une destination : les gens doivent trouver chez nous ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs. » Il invite les fournisseurs à aller à sa rencontre, à expliquer les produits et à proposer des rabais à mettre dans son infolettre. Il parle aussi d’autres actions de promotion, comme les dégustations et les affichages.

De manière plus générale, la confiance des Québécois dans le secteur alimentaire de la province est à la hausse par rapport à 2019, que ce soit en termes d’aliments, de lieux d’achat, d’entreprises du secteur, de réglementation ou encore d’étiquetage.

Lire en entier : Baromètre de la confiance des consommateurs québécois à l’égard des aliments

Pour suivre la CIBÎM :