Bientôt des caméras d’intervention dans les épiceries ?
Une pharmacie Shoppers Drug Mart et un magasin Real Canadian Superstore ont muni des employés d’une caméra corporelle à Calgary en Alberta. Loblaws souhaite, grâce à ce projet pilote de trois mois, renforcer la sécurité dans ses magasins situés notamment dans des lieux où la violence est en recrudescence.
Selon l’entreprise, cette décision fait suite à une augmentation considérable du nombre d’incidents violents dans les commerces de détail à travers le pays. Une enquête de la National Retail Federation (NRF) avait révélé que 67% des détaillants constataient une augmentation des agressions et de la violence en 2023 par rapport à l’année précédente.
Interrogé sur Radio-Canada, l’ancien policier à la Sûreté du Québec, François Doré, émet quelques doutes sur l’efficacité d’une telle pratique. À vouloir éviter les vols à l’étalage à cause de l’inflation depuis quelques années, l’initiative oblige les employés à faire la police. Ils se voient donc « imposer un travail pour lequel ils ne s’étaient pas engagés au départ », déplore l’ex-policier. En effet, en plus d’assurer le service à la clientèle, ils doivent jouer le rôle d’un agent de sécurité ou d’un surveillant. Certains y penseront d’ailleurs à deux fois avant d’accepter cette double responsabilité.
Une solution qui n’en est pas une
En filmant les interactions entre la clientèle et les gens sur le plancher, la caméra corporelle en test veut prévenir les éventuels événements violents à l’encontre des employés. Pour autant, leur sécurité est-elle vraiment assurée ? François Doré répond : « Oui et non. Oui, ça peut éviter des vols grâce à l’effet de dissuasion. Et non, car ça peut provoquer aussi des différends avec les clients. »
Pour Eric Laming, professeur en criminologie de l’université Trent en Ontario, « Il peut y avoir des gains marginaux quant à la sécurité ressentie par la clientèle. On ne peut toutefois pas dire avec certitude si cela se traduit par une augmentation réelle de la sécurité ».
Installer un système de caméras renforcé dans le magasin serait tout aussi efficace selon François Doré. Enfin, engager un agent de sécurité formé, qui agit comme un client pour mieux prévenir, et qui soit capable d’intervenir au besoin, s’avère pertinent.
