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Crédit photo: Illustration Pixabay

Bonnes récoltes et bonnes affaires pour les épiciers indépendants

16 juillet 2024 | Par Francis Hébert-Bernier

Les récoltes de 2024 devraient être supérieures à la moyenne pour presque toutes les cultures dans pratiquement toutes les régions du Québec selon le bilan de mi-saison de la Financière agricole du Québec (FADQ), l’organisme qui assure la majorité des producteurs agricoles de la province.

En date du 2 juillet, la FADQ avait reçu 1218 réclamations, soit environ la moitié moins qu’à même date l’an dernier (2485) et 28% de moins que la moyenne des dix dernières années. La saison s’avère particulièrement bonne pour les légumes dont le rendement devrait être au rendez-vous dans la quasi-totalité des régions.

Si la tendance se maintient, même la Montérégie qui a vu ses cultures d’oignons, de betteraves, de laitues et de carottes être affectées par des conditions météo difficiles au printemps devrait avoir une bonne saison selon les analystes de la FADQ.

Meilleure qualité, meilleur rendement

Une bonne nouvelle pour les épiciers indépendants qui ont bâti leur modèle d’affaire sur la vente de produits locaux, comme Andréanne Laurin, directrice générale de Loco, une chaîne d’épiceries écologiques de Montréal. « C’est certain que quand la saison est bonne, ça transparait sur la qualité, ça veut dire moins d’invendus, moins de pertes et donc une meilleure rentabilité », remarque-t-elle.

Si les récoltes sont bonnes, il devrait aussi y avoir une plus grande disponibilité des produits locaux qui devrait normalement aider les épiciers à les acheter à meilleur prix, observe Carole C. Tranchant professeur à l’École des sciences des aliments, de nutrition et d’études familiales de l’université de Moncton. « C’est certain que l’offre et la demande entrent en jeu », remarque la chercheuse.

Par contre, les effets des bonnes et moins bonnes saisons sur les prix varient beaucoup selon la situation, poursuit-elle. Par exemple les agriculteurs qui ont un volume suffisamment important pour alimenter les grandes chaînes se retrouvent souvent avec très peu d’options pour écouler leurs produits et donc peu de pouvoir de négociation.

« Au contraire, nous on fait affaire avec une multitude de petits fournisseurs qui ne font pas beaucoup de volume », remarque Andréanne Laurin. Une situation qui permet d’assurer une bonne disponibilité des produits à l’épicière, mais qui garde les prix relativement élevés, entre autres puisque les producteurs ont peu de marge de manœuvre pour absorber leurs frais fixes.

« Il y a des discussions dans le milieu pour établir des ententes préalables avec des fourchettes de prix fixées avant la saison qui permettrait une meilleure prévisibilité pour tout le monde. Ça réduirait le risque et pourrait faire baisser les coûts, mais on n’est pas tout à fait rendu là pour l’instant », confie Andréanne Laurin.

La clientèle au rendez-vous… jusqu’à un certain point

En attendant, les fruits et légumes d’ici tendent à coûter plus cher aux commerçants que ceux provenant de l’international, remarque l’épicière. « Même en pleine saison des fraises, celles de la Californie restent moins chères », remarque-t-elle. Cela n’empêcherait pas la clientèle d’être au rendez-vous pour autant que l’écart entre les produits d’ici et d’ailleurs reste raisonnable, observe Carole C. Tranchant.

« L’achat local est associé à des valeurs qui gagnent en importance pour une part grandissante des consommateurs. Même les grandes chaînes l’ont compris, c’est pourquoi elles placent beaucoup ces produits de l’avant. Pourtant ils ne représentent qu’une petite portion de leur offre », explique-t-elle.

Cependant, les meilleurs vendeurs restent des produits qui sont seulement disponibles quelques semaines par années à moins qu’ils soient cultivés en serre, tels que les tomates, les poivrons ou les concombres. Si bien que les variétés de légumes les mieux adaptés au climat du Québec et qui sont donc disponibles durant de longues périodes comme les choux, la rhubarbe et des rabioles sont souvent laissés de côté parce que la majorité des consommateurs ne savent plus les cuisiner, remarque Andréanne Laurin.

« Il y a quelques années, on en achetait beaucoup, mais ils restaient sur les tablettes ce qui finit par coûter très cher. Maintenant, on essaie plutôt d’en mettre un en vedette par semaine pour tenter les gens pour ces produits moins connus pour qu’ils puissent les adopter », confie-t-elle.

Une stratégie qui porterait tranquillement fruit selon la propriétaire des épiceries Loco. Sa clientèle devenant de plus en plus familière avec les produits d’ici.

Mots-clés: épicerie de quartier
épicerie biologique
Québec