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Crédit photo: Hans Braxmeier / Pixabay

Le fédéral bannit 6 articles de plastique à usage unique

22 juin 2022

Le Canada interdira aux entreprises d’importer ou de fabriquer des sacs en plastique et des contenants à emporter en polystyrène d’ici la fin de cette année, ainsi que leur vente d’ici la fin de 2023 et leur exportation d’ici la fin de 2025.

« Nous estimons qu’une fois en vigueur, le règlement permettra d’éliminer plus de 1,3 million de tonnes de produits plastiques difficiles à recycler des sites d’enfouissement et plus de 22 000 tonnes de pollution plastique qui se retrouve dans notre environnement au cours des 10 prochaines années, a expliqué le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault. C’est l’équivalent de plus d’un million de sacs à ordures remplis de détritus. »

Seuls six articles en plastique manufacturés spécifiques seront concernés par l’interdiction initiale, après que le gouvernement a déterminé qu’ils étaient difficiles à recycler et qu’ils pouvaient être facilement remplacés. Il s’agit des pailles, des contenants à emporter, des sacs d’épicerie, des couvercles, des bâtonnets à mélanger et des anneaux en plastique utilisés pour maintenir ensemble six canettes ou bouteilles.

Les données fédérales montrent qu’en 2019, 15,5 milliards de sacs d’épicerie en plastique, 4,5 milliards de couvercles en plastique, 5,8 milliards de pailles, 183 millions d’anneaux maintenant ensemble six canettes ou bouteilles et 805 millions de contenants à emporter ont été vendus au Canada. Les sacs, les contenants à emporter et les pailles font partie des 10 articles les plus fréquemment trouvés lors des nettoyages de berges et de plages au Canada.

Selon une étude réalisée par Deloitte en 2019, moins de 10 % des déchets plastiques produits au Canada sont recyclés. Cela veut donc dire que 3,3 millions de tonnes de plastique sont jetées chaque année, dont près de la moitié sont des emballages.

Période de transition

La France, qui a interdit l’an dernier la plupart des articles figurant sur la liste du Canada, a commencé cette année à interdire progressivement les emballages en plastique pour plus de 30 fruits et légumes. Elle est également en train d’interdire le plastique non biodégradable des sachets de thé. Le ministre Guilbeault a reconnu que le Canada n’est peut-être pas un pionnier en la matière, mais qu’il fait partie des leaders.

Bien que le règlement entre en vigueur lundi, les Canadiens verront peut-être encore des plastiques à usage unique circuler pendant quelques mois, a rappelé le ministre Guilbeault, puisqu’il était nécessaire de fournir aux entreprises une période d’adaptation. Les entreprises qui auront besoin d’un soutien financier pour effectuer une transition pourront se tourner vers le gouvernement fédéral, qui a plusieurs programmes d’aide totalisant des centaines de millions de dollars, selon le ministre de l’Environnement.

Certains détaillants ont également agi plus rapidement que le gouvernement. Les Compagnies Loblaw ont en effet annoncé lundi leur intention d’éliminer tous les sacs de plastique à usage unique de leurs magasins d’ici la fin du premier trimestre de 2023. La société mère de la chaîne d’épiceries Loblaws et des pharmacies Shoppers Drug Mart a précisé que cette décision serait en vigueur dans tous les magasins d’alimentation détenus par la société et franchisés, ses pharmacies et son service PC Express partout au pays. L’entreprise compte environ 2500 magasins dans l’ensemble du pays.

Loblaw a précisé qu’au fur et à mesure que les sacs d’épicerie en plastique à usage unique seront éliminés systématiquement, province par province, les clients auraient accès à une variété de solutions de rechange réutilisables. Selon l’entreprise, les consommateurs ont déjà adopté les sacs réutilisables, l’adoption d’un frais pour les sacs en plastique ayant entraîné une réduction de 70 % de l’utilisation de ces sacs dans ses magasins.

Objectif zéro déchet plastique d’ici 2030

La décision d’Ottawa intervient près de trois ans après que le premier ministre Justin Trudeau a promis pour la première fois que son gouvernement éliminerait progressivement la production et l’utilisation d’articles en plastique difficiles à recycler, car il vise l’objectif de zéro déchet plastique d’ici la fin de la décennie. Le premier ministre a d’abord affirmé que l’interdiction entrerait en vigueur en 2021, mais l’évaluation scientifique des plastiques qui était nécessaire pour mettre l’interdiction en marche a été retardée par la pandémie de COVID-19.

À la suite de cette évaluation, qui a été finalisée en octobre 2020, le gouvernement a désigné les plastiques manufacturés comme toxiques en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. Cette désignation était nécessaire avant que des articles puissent être interdits. En mai 2021, une coalition de fabricants de plastiques a poursuivi le gouvernement du Canada pour contrer cette désignation ; l’affaire doit être entendue dans le courant de l’année.

Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse ont déjà pris leurs propres mesures contre les sacs en plastique, tout comme certaines villes, dont Regina et Montréal.

(avec La Presse Canadienne)