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Crédit photo: ElasticComputeFarm / Pixabay
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Les vols en épicerie plus nombreux et audacieux

9 février 2022

Le vol à l’étalage semble être à la hausse dans les épiceries au Canada, un nombre croissant de supermarchés signalant une augmentation des vols de produits notamment alimentaires. Des experts de l’industrie affirment que l’article le plus volé est la viande, suivi du fromage. Les détaillants d’alcool signalent également une augmentation des vols depuis le début de la pandémie. Il n’est pas clair si la hausse des vols est attribuable à l’accélération de l’inflation, à la croissance du marché de la revente de biens volés ou à d’autres facteurs.

Mais des observateurs notent que les méfaits ont gagné en audace ces derniers mois, alors que les masques faciaux compliquent l’identification des voleurs. Plusieurs épiciers à travers le pays ont exprimé leur inquiétude au sujet de la recrudescence du vol à l’étalage et des comportements agressifs, a indiqué Gary Sands, de la Fédération canadienne des épiciers indépendants.

« Les détaillants voient plus de vols et de confrontations physiques, a expliqué M. Sands, vice-président principal des politiques publiques pour le groupe de l’industrie. Seulement au cours des dernières semaines, les épiciers ont vu beaucoup plus de vols de viande. Les prix de la viande ont définitivement augmenté. » Statistique Canada a signalé, le mois dernier, que les prix de la viande avaient augmenté de 9 % en décembre, par rapport au même mois de l’année précédente. Mais il est difficile de montrer du doigt une seule cause pour expliquer la tendance.

Et obtenir des chiffres précis n’est pas simple. Les détaillants demandent souvent aux suspects de quitter le magasin et de ne pas revenir, plutôt que d’appeler la police, ce qui rend les données officielles sur le sujet déficientes. « Ils disent peut-être : "Sortez d’ici et ne revenez pas", a-t-il illustré. Mais une partie du problème réside dans les masques. Même si vous les avez devant la caméra, il peut être difficile de reconnaître les gens. » La situation fait en sorte qu’il y a peu de données officielles sur la question.

Largement sous-déclaré

Le sergent Steve Addison, du service de police de Vancouver, affirme que le vol à l’étalage est un crime largement sous-déclaré. « Nous avons constaté une tendance importante au cours des deux dernières années impliquant des voleurs à l’étalage violents, a-t-il affirmé. Cela inclut des personnes qui ont recours à des armes et à la force physique contre le personnel des magasins et la sécurité. » La situation a moins à voir avec la pandémie qu’avec des personnes qui volent des produits pour les vendre sur le marché illicite.

La porte-parole du Conseil canadien du commerce de détail, Michelle Wasylyshen, affirme que le vol affecte les détaillants de plusieurs façons, la plus importante étant la perte de stocks. Selon elle, une des rares façons pour les détaillants de récupérer une partie de ces pertes consiste à augmenter les prix. Certains détaillants emploient des agents de sécurité et mettent en œuvre des solutions telles que des armoires vitrées et verrouillées et d’autres mesures de sécurité pour dissuader les gens de voler.

Cependant, ces mesures peuvent entraîner des coûts supplémentaires pour les détaillants, qui sont également récupérés avec des hausses de prix. Pendant ce temps, les détaillants affirment que les poursuites pour vols à l’étalage ont considérablement diminué au cours des deux dernières années. « Ainsi, certains détaillants ont changé leur approche pour se concentrer sur la prévention des vols plutôt que sur les arrestations, explique Mme Wasylyshen. En cas de vol, il est conseillé au personnel de ne pas engager la conversation avec le malfaisant pour sa sécurité et pour celle des autres personnes pouvant se trouver à proximité. »

Le Rapport annuel sur les prix alimentaires du Canada, publié en décembre, prévoyait que la flambée des prix des aliments et l’augmentation de l’insécurité alimentaire pourraient entraîner une augmentation des taux de vol.

« Un phénomène grandissant lié à l’insécurité alimentaire croissante causée par une forte inflation est le vol dans les épiceries, qui devrait s’intensifier en 2022, indique le rapport. Les épiciers signalent une augmentation du vol à l’étalage, en particulier d’articles comme la viande, le fromage et les boissons énergisantes. Les pertes non déclarées dues aux vols pourraient atteindre 3000 $ à 4000 $ par semaine dans certaines épiceries canadiennes. »

Interrogée par La Presse Canadienne sur le vol dans les épiceries, la porte-parole de Metro, Marie-Claude Bacon, a affirmé que l’entreprise ne commentait pas le sujet. Sobeys a également refusé de commenter, tandis que les Compagnies Loblaw n’ont pas répondu à une demande de commentaire.

Vols d’alcool

Plusieurs services de police à travers le Canada ont déclaré que les statistiques sur le vol à l’étalage n’étaient pas facilement disponibles. Rob Carver, du service de police de Winnipeg, a indiqué qu’il était difficile de tirer une conclusion à partir des statistiques sur le vol à l’étalage de la ville pour les dernières années, en raison d’une vague de vols dans les magasins d’alcool du Manitoba. « C’est encore plus compliqué parce que certains magasins d’alcools sont situés dans des épiceries, ou attachés à ces commerces, a-t-il expliqué. Cela rend les données comparatives inexactes. »

La Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) a indiqué avoir constaté une augmentation des vols et des tentatives de vol d’alcool depuis le début de la pandémie. Elle a expliqué avoir augmenté la présence d’agents de sécurité dans de nombreux endroits, tandis que les employés reçoivent une formation régulière sur la détection, la dissuasion et le signalement des vols.

(avec La Presse Canadienne)