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Crédit photo: Oceana Canada

Oceana Canada réclame un approvisionnement des produits de la mer retraçables

31 août 2022

Oceana Canada demande une fois de plus au gouvernement fédéral de mettre un terme à l’opacité de l’approvisionnement en produits de la mer. L’organisation estime que cela permet la surpêche ainsi que l’étiquetage frauduleux, et oblige les travailleurs de la mer à œuvrer dans des conditions jugées inacceptables par les normes internationales.

Oceana Canada rappelle que 63 % des produits de la mer sauvages consommés au Canada sont importés. « Cela rend les Canadiens involontairement complices de conditions de travail inacceptables et de travail forcé dans plusieurs pêches mondiales, a déclaré Sayara Thurston, chargée de campagne sur les produits de la mer pour Oceana Canada, dans un communiqué. La traçabilité du bateau à la table est un moyen d’aider à résoudre ce problème. Cela permettrait de fermer le marché aux pêches qui ne sont pas durables et qui dépendent de travailleurs sous-payés ou maltraités, en bloquant l’importation de produits ne pouvant être retracés jusqu’à une pêche bien gérée. »

L’organisation a donc travaillé avec des chercheurs - qui ont analysé le rôle du Canada dans la lutte contre les violations des droits de l’homme dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en produits de la mer - et a constaté que le Canada est en retard vis-à-vis des autres pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Elle ajoute que les pratiques de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) à travers le monde contribuent directement à la surpêche, menaçant la durabilité des écosystèmes marins et des populations de poissons. Ces pratiques nuiraient aux moyens de subsistance et à la sécurité alimentaire des communautés côtières et créent une concurrence déloyale pour les pêcheurs œuvrant légalement. Le lien entre la pêche INN et le trafic d’êtres humains, de drogues et d’armes, ainsi que les violations des droits du travail, en ferait une question urgente en matière de droits de l’homme.

Davantage de transparence

Une nouvelle étude de marché réalisée au printemps par Abacus Data, pour le compte d’Oceana Canada, a révélé que le gouvernement ne répond pas aux attentes des Canadiens quant à la transparence de l’approvisionnement en produits de la mer. 90 % des Canadiens ont dit vouloir plus d’informations sur les étiquettes des produits de la mer, incluant le lieu d’origine de la prise et la manière dont le produit a été pêché. Près des trois quarts des Canadiens estiment également que le gouvernement devrait prendre des mesures pour empêcher les produits de la mer issus du travail forcé d’entrer au Canada ; deux tiers d’entre eux ont déclaré qu’ils seraient moins susceptibles d’acheter un produit de la mer s’ils savaient qu’il provient du travail forcé.

En 2019, le gouvernement fédéral s’est engagé à instaurer la traçabilité du bateau à la table pour les produits de la mer ; plus récemment, il s’est aussi engagé à adopter une loi pour lutter contre le recours au travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement canadiennes. Mais l’organisation considère qu’aucun progrès concret n’a été réalisé sur l’un ou l’autre de ces engagements, laissant l’approvisionnement en produits de la mer du Canada exposé à la fraude et aux produits issus de pratiques illégales.

« Le Canada a pris les bons engagements pour améliorer la transparence de notre approvisionnement en produits de la mer ; mais sans geste concret, les Canadiens n’ont aucune garantie que les produits issus de pratiques illégales ne trouvent pas encore un moyen d’entrer dans notre pays, a déclaré Sayara Thurston. Le Canada a besoin d’une législation complète qui assurera la transparence et la traçabilité de l’approvisionnement en produits de la mer. Ceci aura un impact direct sur la fin de la surpêche, de l’étiquetage frauduleux, ainsi que du travail forcé et des conditions inacceptables pour les travailleurs de cette industrie à travers le monde. »

Par rapport aux autres grands marchés, le Canada serait loin derrière : l’Union européenne a mis en place dès 2010 un système de certification des captures, une traçabilité du bateau à la table et un étiquetage détaillé pour tous les poissons marins sauvages entrant sur le marché européen. Et les États-Unis ont instauré depuis 2018 une exigence de documentation des prises ainsi qu’une traçabilité du bateau à la frontière pour certaines espèces à risque. Les pêcheurs canadiens qui vendent leurs produits dans ces marchés se conforment donc déjà à des exigences de traçabilité plus rigoureuses que celles au Canada.

Mots-clés: Emballage