
Tarifs douaniers : quelles stratégies pour les épiceries ?
Malgré un sursis d’un mois arraché par le gouvernement fédéral lundi soir, les États-Unis doivent imposer des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations canadiennes, à l’exception du pétrole (10 %). Le Canada a répliqué avec des tarifs similaires sur 30 milliards de marchandises américaines.
Si les tarifs douaniers américains devaient être imposés par l’administration Trump, tout détaillant canadien qui importe au Canada des marchandises états-uniennes visées par des contre-mesures tarifaires devrait payer les droits de douane de 25 % sur la valeur de ces produits. Contrairement à la mesure américaine, les tarifs imposés par le Canada s’appliqueraient uniquement à certains produits. Viandes, crèmes, lait, yogourts, fromages, tomates, légumes, agrumes, café, etc. La liste est longue...
Pour le CCCD, si ces tarifs douaniers étaient en vigueur pendant une longue période, il y aurait des répercussions économiques importantes. L’organisme indique travailler et discuter avec le gouvernement fédéral pour atténuer les conséquences néfastes pour les détaillants canadiens, même dans un mois.
Trouver des solutions à long terme
Certaines chaînes d’épiceries mettent en place des stratégies pour être le moins impactée possible. Le géant de la distribution alimentaire canadien Loblaw a annoncé, par la voie de son président directeur général, Peter Banks, « redoubler d’efforts pour obtenir des aliments cultivés et fabriqués » au pays.
« Au moment d’acheter des produits habituellement fabriqués aux États-Unis, nous chercherons d’autres solutions, y compris des produits en provenance du Mexique, qui ont également été soumis à ces droits de douane inutiles », a-t-il souligné. Peter Banks a ajouté que l’épicier travaillait avec le gouvernement et l’industrie pour « défendre les intérêts des consommateurs ».
Plus localement, certains propriétaires d’épiceries prennent les choses en main pour avertir le consommateur. Un IGA Extra Famille à Vaudreuil-Dorion a pris l’initiative de coller des étiquettes qui identifient de manière nette sur les tablettes les produits fabriqués au Canada et au Québec (voir photo ci-dessous).
Face à la menace imminente des droits de douane américains sur les produits canadiens, le secteur alimentaire canadien se prépare à l’impact, tout en préconisant des solutions à long terme pour renforcer l’industrie. Pas seulement des étiquettes.
« Au fil du temps, nous nous sommes laissés aller à dépendre presque exclusivement des États-Unis pour beaucoup de choses. Et cela commence à nous hanter », rapporte Michael Graydon, directeur de Food Health & Consumer Products of Canada (FHCP) dans Canadian Grocer. Pour lui, les entreprises de taille moyenne en particulier, dépendent des États-Unis dans le cadre de leurs stratégies de croissance, notamment en raison des défis posés à la croissance au Canada, tels que la consolidation du secteur de la vente au détail de produits alimentaires et de l’industrie en général.
Il préconise ainsi de supprimer les barrières commerciales inter-provinciales au Canada. « L’avantage économique de la suppression des barrières commerciales compenserait l’impact économique négatif des droits de douane aux États-Unis », explique-t-il. Par ailleurs, il souligne aussi la nécessité de réduire les charges réglementaires qui pèsent sur le secteur dans le but de rendre plus attrayant le fait de faire des affaires au Canada et d’investir en permanence dans le secteur, sans préciser plus en détail.
Les tarifs imposés par les américains et la contre-offensive commerciale canadienne n’est pourtant pas la principale préoccupation de certains joueurs. Metro s’inquiète beaucoup plus de la faiblesse du dollar canadien et de son impact sur les prix à l’épicerie qui vont augmenter de nouveau. « À quelle vitesse [les prix vont monter] ? Quand ? C’est bien difficile à dire », a indiqué mardi dernier Eric La Flèche, directeur général de la bannière québécoise, en marge de l’Assemblée générale des actionnaires, en soulignant que « la pression est forte sur le dollar canadien, ce qui pourrait mener à des hausses de prix ».