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Crédit photo: Pavel Danilyuk / Pexels

Tendances 2024 : les technologies de paiement sans contact

16 janvier 2024 | Par Francis Hébert-Bernier

L’année 2024 sera marquée par la progression des technologies de paiement sans contact, selon les experts qui ont participé à notre webinaire Les tendances 2024 en commerce de détail alimentaire, présenté par le Réseau canadien d’innovation en alimentation (RCIA).

« À court terme, les bornes de self-checkout [libre-service] dans leurs diverses formes restent les technologies qui vont se déployer le plus », prédit Carl Boutet, stratège en commerce de détail et en science de la consommation. Par contre, la façon dont ces bornes sont utilisées et s’intègrent dans l’expérience utilisateur des commerces de détail alimentaire est appelée à se transformer, tandis que les commerçants constatent des enjeux imprévus dans leur utilisation.

En effet, après les avoir adoptées massivement durant la pandémie pour s’adapter aux restrictions sanitaires et aux enjeux de main-d’œuvre, les commerçants constatent maintenant plusieurs enjeux de sécurité liés à l’utilisation de ces bornes, notamment au niveau des vols, explique Carl Boutet. « On constate même dans certains cas un certain retour du balancier dans leur utilisation », remarque-t-il.

Le modèle Amazon Go encore trop coûteux

Pour ce qui est des technologies plus avancées de paiement en magasin, comme celles qui utilisent des caméras et de l’intelligence artificielle pour permettre aux usagers de simplement se servir sur les rayons et de payer sans passer à la caisse, comme celle déployée dans les magasins Amazon Go, Carl Boutet croit qu’elles sont encore trop coûteuses pour la très grande majorité des commerçants.

« Il y a de grandes barrières à l’entrée, en plus de grands coûts de déploiement et même de traitement des données qui rendent très difficile de justifier ce modèle, à moins qu’on le fasse de façon expérimentale pour se préparer pour le futur », explique-t-il.

D’ailleurs, cette technologie, comme toutes celles qui captent des données massives sur les utilisateurs à partir de caméras ou d’autres dispositifs similaires, soulève de grands enjeux de protection de la vie privée auxquels les commerçants doivent faire bien attention, remarque Carl Boutet. « Même quand on a l’autorisation des utilisateurs et qu’on s’assure d’agir en toute légalité auprès des commissaires à la vie privée, les consommateurs n’aiment généralement pas ça. Il faut faire très attention », prévient-il.

Il remarque que même Amazon Go, qui avait été le grand pionnier de ce type de service, a reculé et fermé plusieurs magasins sans contacts au cours de la dernière année.

La bonne technologie pour le bon modèle d’affaires

Si l’on doit attendre encore quelques années avant de voir les magasins qui fonctionnent entièrement sans employés devenir la norme, cela ne veut toutefois pas dire que ce type de technologie ne peut pas être intéressant pour certains cas spécifiques, nuance le spécialiste. « L’important est de bien saisir son modèle d’affaires et ensuite de regarder ce qu’on peut justifier comme dépenses technologiques à partir de là », remarque-t-il.

Il cite en exemple le cas de LIB dépanneur, une jeune entreprise québécoise qui vise à desservir les villages de région qui ont perdu au fil du temps l’ensemble de leurs commerces de proximité. Ces mini-dépanneurs fonctionnent sans aucun employé sur place, les clients pouvant faire leurs achats à partir d’une application disponible sur cellulaire ou sur tablette qu’ils doivent télécharger pour accéder au magasin. Un modèle qui ne fonctionnerait pas nécessairement dans les grands centres parce qu’il nécessite une certaine adaptation des consommateurs, mais qui devient très intéressant lorsque la clientèle n’a pas vraiment d’autres options.

« Il y a même une version plus poussée de cette technologie actuellement déployée en Chine, où un magasin dans un camion va vers les clients qui ont l’application et va même automatiquement se restocker quand son inventaire passe en dessous d’un certain niveau, remarque Carl Boutet. Les possibilités sont pratiquement infinies pourvu qu’on puisse les rendre disponibles à un prix abordable. »

Si nous devons ainsi attendre encore un peu avant de voir ces modes de paiement plus avancés être déployés à grande échelle dans le marché alimentaire québécois, Carl Boutet demeure confiant qu’elles feront éventuellement leur bout de chemin.

« Les coûts des technologies tendent toujours à diminuer avec le temps, conclut-il. Le défi dans les prochaines années sera justement de démocratiser ces technologies basées sur l’intelligence artificielle pour qu’elles puissent être adoptées à des coûts intéressants pour les détaillants. »

Mots-clés: Québec