Tout déballer démasque l’enjeu des emballages

Hier soir, au Centre des sciences de Montréal, s’est tenu le dévoilement de Tout déballer, un documentaire qui porte sur le système qui se cache derrière l’emballage et la pluralité des rôles qu’il porte. Ce projet, qui aura pris plus de trois ans à voir le jour, est une collaboration entre Éco Entreprises Québec et l’École de design de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Il remet en question la relation du consommateur à l’emballage et amène à réfléchir aux rôles du designer, des entreprises et de tous les acteurs qui participent au processus de sélection, de conception, de mise en marché et de transformation vers une seconde vie. Ce documentaire n’interpelle pas seulement les entreprises qui mettent en marché des produits emballés ou les producteurs d’emballages, mais il s’adresse à tous.

« Je souhaite que ce film documentaire puisse être une inspiration pour les designers de demain, explique Sylvain Allard, professeur de design, directeur du programme de design graphique à l’École de design, UQAM, dans un communiqué. Ils devront être mieux informés et prendre pleinement conscience de l’impact de chacune de leurs décisions, que ce soit dans le choix des matériaux ou des techniques de fabrication, pour que le tout s’inscrive dans une logique de circularité au cœur de l’économie circulaire. »

Réalisé par Sophie Lambert, documentariste, Tout déballer a pour mission d’éveiller les consciences et d’induire un changement positif pour l’ensemble des acteurs du milieu, surtout depuis que le gouvernement du Québec a édicté en juillet le règlement portant sur un système de collecte sélective de certaines matières résiduelles, introduisant ainsi la responsabilité élargie des producteurs.

La face cachée des emballages

Tout déballer souhaite montrer qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais emballages, par contre il y existe des meilleurs ou plus mauvais matériaux. Mais encore ici, ils ont tous leurs avantages et leurs inconvénients. Par exemple, une bouteille de lait en verre à l’avantage d’être réutilisable, recyclable mais ne protège pas le lait de l’exposition au soleil et est plus coûteuse qu’une bouteille de lait en plastique blanc qui protège le produit entièrement, qui est recyclable la plupart du temps et qui n’est pas réutilisable.

Dès le début du documentaire, la réalisatrice, énonce en voix off : « Chaque minute, l’équivalent d’un camion rempli de déchets est versé dans l’océan et la plupart d’entre eux, sont des emballages. » Depuis son apparition, l’emballage n’a eu de cesse de changer pour correspondre aux besoins de l’époque et à la technologie disponible. Par exemple, pendant l’Antiquité les emballages étaient faits de terre cuite, plus tard, ils sont devenus en cuir, puis en verre, en acier, en carton, en pots de verre, en plastique, en multicouches et enfin en aluminium. Aujourd’hui, la tendance est à l’emballage réutilisable, justement pour répondre aux besoins de l’époque actuelle et à la problématique environnementale.

Selon Sylvain Allard, notre société tend vers la dématérialisation, sauf pour les emballages qui au contraire ont tendance à être de plus en plus nombreux, c’est le suremballage et la surprotection des aliments. Un matériel utilisé pour protéger un produit devrait correspondre à la durée de vie de ce produit, c’est du moins ce qu’explique Fabrice Peltier, président et designer expert en écoconception, dans le documentaire. Il donne l’exemple d’une boîte à salade dont le matériel est fait pour protéger la salade pendant des mois tandis que celle-ci sera consommée en peu de temps. Le suremballage, est le fait de mettre le produit dans un contenant qui lui-même sera dans une autre contenant. La livraison de colis est l’exemple donné.

Trouver des solutions

Tout déballer donne la parole à des acteurs de l’industrie qui, à leur échelle, essaient de lutter contre les emballages ou de trouver l’emballage de demain. C’est le cas par exemple d’Aurore Courtieux-Boinot présente dans le documentaire, qui a cofondé La Vague qui s’est donnée pour mission la recherche, le partage, le développement, la mise en place et la promotion de solutions écoresponsables applicables dans le domaine de la restauration et des cafés du Québec. Ainsi, son entreprise propose La Tasse, un gobelet réutilisable qui peut être rempli dans des restaurants ou des cafés participants, et La Boîte, un contenant consigné pour des repas à emporter zéro déchet.

« Je pense que ce qui est important c’est surtout qu’on se parle entre professionnels, explique Aurore Courtieux-Boinot, lors de l’avant-première du documentaire. Nous avons les solutions entre nos mains pour lutter contre la pollution à cause des emballages. Il faut juste qu’on s’écoute et qu’on mette nos moyens ensemble pour avancer. »

Sylvain Allard est à l’origine de l’atelier de recherche et création Packplay. Sa mission est de diffuser de nouvelles idées et pratiques en design d’emballages ainsi que de promouvoir l’écoconception comme vecteur de changements écologiques. Son atelier crée un pont entre l’enseignement du design, de nombreuses universités et écoles de design à l’international et les acteurs du milieu professionnel.

« Les écoles de design sont des lieux privilégiés pour développer des esprits critiques, remettre en question certaines approches convenues et explorer des pistes innovantes, commente Sylvain Allard, dans un communiqué. Elles sont un terreau fertile où germent les idées qu’il faut laisser vivre et circuler librement. Les nouvelles générations d’étudiantes et d’étudiants sont, pour la plupart, sensibilisées aux problématiques environnementales mais ne réalisent pas toujours à quel point le design est un levier pour la recherche de solutions. »

Tout déballer est le prolongement de l’atelier du professeur. Le documentaire est disponible gratuitement sur le site du même nom et sa version anglaise verra le jour au courant de l’année prochaine.

Pour suivre Tout déballer :

• sur le web : toutdeballer.uqam.ca
• sur Facebook : Tout déballer
• sur Instagram : @outdeballer_documentaire