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Crédit photo: La Presse Canadienne / Patrick Doyle
||| Économie

Le code de conduite ne ferait pas augmenter les prix, selon Empire

3 avril 2024 | Par La Presse Canadienne

Le patron d’Empire, Michael Medline, a fait valoir qu’il n’existe aucune preuve qu’un code de conduite des épiciers ferait augmenter les prix des aliments au Canada. Le président et chef de la direction de la société mère de Sobeys, qui exploite l’enseigne IGA au Québec, a assuré qu’il ne soutiendrait pas l’adoption d’un code de conduite s’il pensait que cela aurait un effet inflationniste.

Premier dirigeant à se prononcer en faveur d’un code de conduite, M. Medline espère même que le code pourrait contribuer à réduire le prix des denrées alimentaires un jour, mais il a précisé que ce n’était pas une panacée « pour tous les problèmes qui font monter les prix ».

L’automne dernier, Loblaw et Walmart ont déclaré qu’ils ne signeraient pas le code tel qu’il est actuellement rédigé, bloquant ainsi l’adoption du texte qui était presque terminé. Les deux détaillants craignent que le texte entraîne une augmentation du prix du panier d’épicerie.

Les partisans du code affirment qu’il contribuera à uniformiser les règles du jeu pour les fournisseurs et les petits détaillants en alimentation en introduisant un cadre de négociations entre les acteurs de l’industrie. Cela comprendrait également un processus de règlement des différends.

L’impasse pourrait faire en sorte qu’un code soit imposé plutôt qu’il soit volontaire. Le comité de la Chambre des communes chargé d’étudier les prix des denrées alimentaires a indiqué à Loblaw et Walmart que s’ils n’y adhèrent pas, le comité recommanderait que le code devienne loi.

Le code, « une meilleure façon de faire des affaires »

M. Medline s’est dit frustré par les délais liés à l’avancement de ce projet, mais il continue de croire qu’il existe un moyen d’adopter un code volontaire au lieu d’imposer une réglementation. « Il est grand temps d’en finir avec cela », a-t-il déclaré.

Il ne peut y avoir de code sans tous les détaillants, a ajouté M. Medline : « Nous sommes tous dans une impasse en essayant de trouver un moyen de faire pression sur les parties qui ne signeront pas. Je pense que c’est un peu un jeu de bluff. »

Des discussions sur le code sont en cours avec tous les détaillants, a déclaré Doug Nathanson, vice-président exécutif, directeur du développement et avocat général d’Empire. « Nous n’abandonnons pas, donc nous ne sommes pas au point mort. Nous essayons d’obtenir le consensus de tous. »

M. Medline juge que le code représenterait une meilleure façon de faire des affaires. Au moment où il a rejoint l’industrie de l’épicerie après avoir travaillé chez Canadian Tire, il raconte avoir été surpris d’apprendre certaines des pratiques qui sévissaient dans le secteur. « J’ai été tout simplement choqué en arrivant dans l’épicerie... de la façon dont l’industrie faisait des affaires. »

Les frais tels que ceux imposés par Loblaw et Walmart aux fournisseurs en 2020 pour aider à financer leurs investissements dans les infrastructures font partie des pratiques critiquées. Bien que les discussions sur un code aient précédé ce développement, M. Medline a dit qu’il pensait que c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, poussant finalement l’industrie à commencer à développer un code.

Le complot du pain a « dégradé la réputation de l’industrie »

M. Medline a également demandé au Bureau de la concurrence de mettre fin à son enquête en cours sur la fixation des prix du pain, la qualifiant de « malavisée dès le départ ». M. Medline a déclaré qu’Empire n’avait pas participé à la fixation du prix du pain au Canada et que l’enquête en cours avait porté atteinte à la marque du détaillant.

« Nous avons demandé à maintes reprises au Bureau de mettre un terme à son enquête et de blanchir notre réputation, a-t-il déclaré. Au lieu de cela, leur enquête s’éternise et le nuage au-dessus de nos têtes demeure. »

Le Bureau de la concurrence a commencé à enquêter sur les ententes alléguées de fixation des prix du pain en janvier 2016. Weston Foods et Loblaw, toutes deux filiales de George Weston à l’époque, avaient déjà admis leur participation à une « entente de fixation des prix à l’échelle de l’industrie » et ont bénéficié de l’immunité de poursuites du Bureau de la concurrence en échange de leur coopération.

Au moins 1,50 $ aurait été artificiellement ajouté au prix d’une miche de pain au cours du complot de 16 ans impliquant les plus grands grossistes en boulangerie et détaillants en épicerie du Canada, a allégué le Bureau de la concurrence dans des documents judiciaires en 2018.

En juin 2023, Canada Bread a été condamnée à une amende de 50 millions $ après avoir plaidé coupable à quatre chefs d’accusation de fixation des prix en vertu de la Loi sur la concurrence. Le Bureau de la concurrence a dit qu’il s’agissait de l’amende pour fixation des prix la plus élevée jamais imposée par un tribunal canadien.

M. Medline a déclaré qu’il estimait que les allégations de fixation des prix du pain avaient miné la confiance dans l’industrie de l’épicerie, ouvrant la voie à une nouvelle baisse de cette confiance dans un contexte d’inflation alimentaire et d’accusations selon lesquelles les épiciers en profitaient indûment. « C’était le début d’une dégradation de la réputation de l’industrie », a-t-il déclaré.

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Mots-clés: Canada