brightness_4
brightness_4
Crédit photo: Bastien Durand

Ariane Beaumont, fondatrice d’Arhoma : « Le commerce de proximité, c’est de l’or en barre ! »

12 mars 2024 | Par Bastien Durand

Depuis 2007, Arhoma propose des produits de boulangerie à Montréal. Entrepreneuse dans l’âme, Ariane Beaumont, sa créatrice, veut garder la proximité avec sa clientèle.

Elle revient tout juste de trois semaines de vacances ; ça fait quatre ans qu’elle n’en avait pas pris. Ariane Beaumont, 42 ans, fondatrice des boulangeries Arhoma, profite des rayons du soleil sur un des bancs de pierre de la place Simon-Valois, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Derrière elle, sa boulangerie « historique » ne désemplit pas. C’est l’heure du lunch. Les clients entrent et sortent. « C’est mon village ici », sourit-elle.

Avec un deuxième point de vente ouvert en 2012 au coin des rues Papineau et Ontario, dans Centre-Sud, un atelier de confection de produits de boulangerie dédiés aux détaillants alimentaires et 140 employés, Arhoma évolue au gré des opportunités. « Je n’ai pas eu de stratégie définie au départ, juste l’envie d’offrir aux gens de bons produits à côté de chez eux », explique la fondatrice.

« Si j’avais rencontré un plombier, on aurait ouvert une plomberie ! »

Fille d’un père sculpteur et d’une mère agricultrice, Ariane Beaumont fonctionne avec l’intuition et fait confiance à son instinct. Le concept du « pain et ses complices » vient d’abord d‘une envie de travailler à son compte. « Ça me tannait d’être salariée toute ma vie, de travailler pour quelqu’un d’autre », se souvient l’ancienne étudiante en arts plastiques.

Et puis il y a eu la rencontre avec son chum, qui a tout déclenché : « J’avais simplement envie qu’on travaille ensemble. Il était boulanger chez Première Moisson, j’ai sauté sur l’occasion ; deux ans après notre rencontre, on ouvrait le magasin. Si j’avais rencontré un plombier, on aurait ouvert une plomberie ! »

Habitante du quartier, Ariane Beaumont savait que « ça prenait une boulangerie ici ». Après avoir fait le tour des commerces du coin et ses petits calculs, elle y croit, contrairement à beaucoup de monde. « Ouvrir à Hochelaga… On me disait que ce n’était pas du tout la clientèle pour ce type de commerce. Tout le monde avait cet a priori sur la pauvreté, mais tout le monde à besoin d’acheter du pain, qu’on soit riche ou pauvre. C’est un produit de base et il n’y avait pas grand-chose d’autre comme offre dans le quartier. C’était le moment. »

Faire les choses différemment

La jeune cheffe d’entreprise veut bien faire les choses, et les faire différemment. « Pour que les gens viennent, il faut innover, prendre les devants et qu’il y ait un pas de côté. À l’époque, ça prenait pas grand-chose... » Ariane Beaumont s’ennuie de son pain pomme-raisins-noisettes de Première Moisson, alors Arhoma sort un pain pacane-canneberges-érable, « qui a bien marché et qui est aujourd’hui un incontournable chez nous ».

De la même manière, comment remplacer le classique croissant aux amandes ? « Un croissant aux pistaches. On n’a pas inventé le bouton à quatre trous, on a juste changé les ingrédients… » Puis proposer des fromages locaux a été naturel. « Le pain c’est le fun, mais je voulais que les gens puissent trouver ce qui allait avec leur pain. Aucune boulangerie ne le faisait. »

Au-delà des produits, les valeurs de proximité se sont imposées pour choisir ses fournisseurs et ses ingrédients. « Travailler avec une farine milanaise était super important dès le début. Pour le goût avant tout, mais aussi pour les valeurs locales et environnementales, qui me tiennent à cœur. » Dans le cadre d’un projet-pilote mené en partenariat avec l’OBNL Emission Reduction Now depuis deux ans, elle souhaite sensibiliser ses clients à l’empreinte carbone des produits « sans culpabiliser ».

Saisir les opportunités

Le non ne fait pas vraiment partie du vocabulaire d’Ariane Beaumont. « Des détaillants ont commencé à venir nous voir pour qu’on leur fournisse du pain. On n’a pas su refuser, même si on tournait à plein régime à l’époque. » Aujourd’hui, 50% du chiffre d’affaires d’Arhoma vient du commerce de gros, avec des clients comme les Fermes Lufa, les supermarchés Avril ou Rachelle Béry.

Le contexte économique actuel ne la refroidit pas dans ses idées, même si l’ouverture de nouveaux points de vente n’est pas au programme. Les projets sont toujours là. « On sent moins l’inflation, le coût de la matière première s’est enfin stabilisé. On est passé à travers le pire. Certes, on ne connaît pas le pire de demain, mais il faut bien avancer… »

Dans sa tête, il y a un local en attente, pour faire quelque chose autour de la chocolaterie-crémerie. « On capote sur de nouvelles saveurs avec le foin d’odeur, on fait des tests », se réjouit-elle avant de conclure : « Le commerce de proximité, c’est de l’or en barre ! »

Mots-clés: commerce de proximité
épicerie de quartier
Montréal (06)