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Code barres versus code QR : Comment choisir ?

29 décembre 2023 | Par Gabrielle Brassard-Lecours

Depuis l’apparition du code QR, on prédit parfois la fin du code-barres. Pourtant, les deux options semblent avoir leur utilité et peuvent même être complémentaires.

« Le code-barres traditionnel est statique ; il était plutôt destiné à l’usage des commerçants pour gérer les stocks et la provenance. Mais le code QR ouvre beaucoup plus de possibilités, à la fois pour le commerçant et la clientèle... » Pour Carl Boutet, fondateur du Studio RX, qui propose des solutions technologiques aux entreprises ainsi qu’aux spécialistes et stratèges du commerce de détail, le code QR provient de l’évolution naturelle du code-barres. Et grâce aux téléphones intelligents que possèdent la majorité des consommateurs, ces derniers peuvent eux-mêmes numériser les codes QR pour accéder à une mine d’informations.

Vieux d’une cinquantaine d’années et né aux États-Unis, le code-barre a révolutionné pour toujours le commerce de détail. Son invention se base sur le principe du phonofilm, utilisé au cinéma pour lire le son qui accompagne les images. Dans le cas du code-barres, c’est plutôt un lecteur qui réfléchit la lumière sur les bandes noires, permettant ainsi d’accéder à un signal électrique spécifique qui contient de l’information sur le produit. Composé de 13 chiffres, et universalisé en 1977, le code-barres rend possible un suivi précis des produits depuis leur fabrication jusqu’à leur consommation, permettant d’améliorer notamment la traçabilité et la gestion des stocks. Précis et rapide, le balayage des code-barres réduit également les erreurs humaines et accélère les transactions aux caisses.

Inventé au Japon en 1994 et universalisé en 2000, le code QR entraîne lui aussi de grands changements dans l’industrie entre autres du côté du marketing des produits. Il se présente de façon carrée plutôt que rectangulaire et peut être lu de deux façons : de gauche à droite et de haut en bas. Mais, surtout, il permet d’emmagasiner beaucoup plus d’informations accessibles au consommateur. Contrairement au code-barres qui ne peut stocker qu’entre 8 et 13 caractères, le code QR peut, selon sa forme, stocker entre 41 et 7089 chiffres. Un monde de possibilités !

Gérer plus que les produits

Provenance d’un fruit ou d’un légume, informations nutritionnelles détaillées, recettes, jeux, histoire, concours : voilà quelques exemples de ce que permet d’encoder le code QR, mis à la disposition de tous. « Les commerçants, de leur côté, sont capables de suivre les activités de leurs clients, d’observer les interactions de ces derniers avec les codes QR et d’ainsi adapter leur stratégie marketing. Ils peuvent travailler des programmes de fidélisation de leur clientèle en connaissant leur habitudes, et gérer encore mieux les offres selon la demande, ce qui est très utile dans le domaine alimentaire », ajoute Carl Boutet. Il cite aussi l’utilisation de codes QR pour donner accès à des commerces virtuels. Voilà un usage bien pratique en temps de pandémie, par exemple.

Les codes QR permettent également de gérer d’autres aspects que les produits matériels. Créée à Québec il y a neuf ans, la plateforme de gestion d’expérience client, de réservation en ligne et de gestion de salle Libro s’est rapidement mise à utiliser les codes QR pour aider, dans leur gestion, les restaurateurs de partout au pays. « Notre technologie permet, par exemple, d’acheter des repas prépayés, ce qui fait que, à l’arrivée du client, le restaurateur n’a qu’à scanner le code pour vérifier qu’il correspond bien au repas commandé, explique Jim Durand, directeur technique de Libro. Même chose pour des réservations de places en salle à manger. C’est une façon d’optimiser le processus lié à certains aspects de la restauration. »

Une technologie pour en remplacer une autre ?

Pourquoi, donc, ne pas délaisser le code-barres au profit du code QR ? S’agit-il d’une technologie plus complexe à implanter ? « La technologie du code QR n’est pas dispendieuse à implanter ; ce sont plutôt les façons de faire, l’encodage, les habitudes du personnel et de la clientèle qui peuvent prendre un certain temps à se placer », croit Carl Boutet. « Le code QR prend quand même plus de place qu’un code-barres. Donc pour certains produits plus petits, notamment des fruits et des légumes, je ne sais pas à quel point il serait avantageux », se demande pour sa part Jim Durand. Le code QR nécessite aussi un appareil dont la numérisation est plutôt basée sur une lecture photographique de forme carrée, plutôt que la mince bande rouge requise par les code-barres. « C’est quand même un lecteur plus complexe et plus coûteux à utiliser », explique le gestionnaire de Libro.

Dans un balado de GS1, un organisme actif dans le domaine des méthodes de codage utilisées dans les chaînes logistiques, Isabelle Lecler-Weisbecker, alors responsable du service de cybercommerce et de Marketplace, expliquait que le code-barres fait partie de la garantie de qualité d’un produit et que, pour en générer, il faut faire affaire avec les organismes légalement autorisés à les accorder. Le code QR est également standardisé internationalement selon la norme de sécurité des systèmes d’information ISO/IEC. Ces mesures sont essentielles pour préserver la sécurité des données privées et empêcher les possibles arnaques liées à ces technologies.

« La transparence du commerçant est de mise quant à l’utilisation qu’on fait des données auxquelles il a accès », prévient Carl Boutet. Des politiques de protection de données sont toujours mises en place pour les clients, mais ceux ci ne se donnent pas toujours la peine de les lire parce qu’ils sont pressés et ils acceptent tout ce qu’on leur propose rapidement pour passer à la prochaine étape. » D’après les différents experts interrogés, le code QR moderne, ne supplantera pas nécessairement le code-barres. « Je crois que c’est complémentaire », conclut le directeur technique de Libro.

Prochaine étape : l’arrivée de l’intelligence artificielle (IA), qui révolutionnera sans doute encore une fois le domaine. C’est d’ailleurs déjà commencé ; des livres de recettes entièrement générées par l’IA sont déjà sur les tablettes. Cette technologie élaborera peut-être aussi pour nous des listes de produits à acheter à l’épicerie, ou encore des menus à commander au restaurant, comme le disait récemment Sylvain Charlebois, directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, en entrevue à La Presse. L’IA est déjà bien implantée dans la chaîne alimentaire : elle permet, par exemple, aux agriculteurs d’analyser le sol, le climat et les cultures pour prévoir le rendement des récoltes. Il y a donc fort à parier que cette nouvelle technologie influencera aussi les détaillants alimentaires.

Cet article est issu de notre magazine Détaillant Alimentaire Automne 2023.

Mots-clés: Canada
Québec