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Crédit photo: Eduardo Soares / Pexels
||| Économie

Stabilisation des prix : « Discuter sans les fournisseurs ne mènera à rien »

18 septembre 2023

Lettre ouverte du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) au premier ministre Justin Trudeau, suite à sa déclaration enjoignant les épiceries de stabiliser les prix alimentaires :

Le CCCD et ses membres du secteur de l’épicerie comprennent que les Canadiens éprouvent de grandes difficultés en ce moment, alors qu’ils doivent composer avec une crise exceptionnelle du coût de la vie. Voilà pourquoi les épiceries continuent à faire tout ce qui est en leur pouvoir – allant jusqu’à rappeler publiquement à l’ordre leurs fournisseurs – pour stabiliser les prix des produits alimentaires, ce qui explique pourquoi le Canada enregistre l’un des plus faibles taux d’inflation alimentaire dans le monde.

Quiconque comprend le secteur des produits d’épicerie sait pourquoi les prix des aliments ont augmenté. Plusieurs rapports publiés au cours de la dernière année, y compris par Statistique Canada et la Banque du Canada, sans oublier le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2023, ont analysé cet enjeu et ont conclu que les prix et les profits des épiceries n’ont aucun rapport avec cette question.

Dit simplement, les prix affichés sur les étagères des épiceries sont conditionnés par la hausse des coûts des fournisseurs, attribuable à l’augmentation des coûts des fabricants et des producteurs, elle-même causée par une myriade de facteurs globaux, parmi lesquels les perturbations des chaînes d’approvisionnements, la guerre en Ukraine, les prix des carburants et les événements climatiques.

Plutôt que de jeter la pierre à ceux que les spécialistes exonèrent de tout blâme, le gouvernement fédéral devrait se regarder dans le miroir. Le gouvernement pourrait prendre une série de mesures pour rendre les produits alimentaires plus abordables, y compris en suspendant temporairement l’application de la taxe carbone pour les producteurs agricoles et les transformateurs et distributeurs d’aliments, ainsi qu’en annulant les objectifs gouvernementaux relatifs aux emballages en plastique, qui risquent de gonfler les coûts pour les épiceries de près de 6 G$ annuellement.

Les épiceries sont toujours prêtes à avoir des discussions franches et ouvertes avec le gouvernement sur notre industrie, les défis que pose la chaîne d’approvisionnement alimentaire et l’abordabilité des denrées pour les Canadiens. Mais nous ne voulons plus prendre part à des discussions qui, fois après fois, ne parviennent pas à dépasser la surface des choses pour mettre réellement en lumière la cause véritable de la hausse des prix des produits alimentaires.

Afin que toute conversation à venir puisse être crédible, il nous paraît essentiel qu’elle réunisse non seulement les détaillants alimentaires, mais aussi les transformateurs, les producteurs (y compris ceux assujettis à la gestion de l’offre), ainsi que d’autres entreprises pertinentes de la chaîne d’approvisionnement. Toute conversation qui ne réunit pas les fournisseurs, dont les coûts représentent plus de 70 % du prix que paie le consommateur, ne mènera à aucun résultat tangible.