
Guerre commerciale : les épiceries composent avec l’incertitude des coûts d’importation
Alors que les tarifs imposés par notre voisin du sud malmènent nos responsables politiques et que l’application de contre tarifs permet de montrer que l’on réagit, les épiceries tentent de se départir des produits américains (le plus possible) depuis quelques mois.
Pour certains, les prix à l’épicerie augmentent en raison des fameux tarifs. Mais ces derniers n’expliquent pas tout. L’inflation reste une donnée à prendre en compte, mais il ne faut pas sous-estimer les changements de stratégie pour l’approvisionnement de certains produits importés, notamment les fruits. Chaque épicier doit naviguer entre une offre stable et les changements imprévisibles des coûts d’importation.
« Beaucoup de détaillants travaillent à trouver d’autres fournisseurs que les États-Unis », souligne Sylvain Charlebois, professeur à l’université Dalhousie et spécialiste de l’agroalimentaire. « Si l’on prend l’exemple du raisin, sur les tablettes, les détaillants s’efforcent de trouver des alternatives. Il va plutôt venir du Pérou ou même d’Afrique du Sud. Et la conséquence c’est l’augmentation substantielle des prix, inévitablement ».
« Ça ne va pas durer »
Les détaillants s’adaptent à la demande. L’incertitude actuelle de l’approvisionnement venant des États-Unis a amorcé un mouvement vers le local et les produits canadiens de manière générale. Pour Sylvain Charlebois, cette tendance ne va pas survivre à l’épreuve du mandat de Trump. « Acheter local est une tendance à court terme, ça ne va pas durer. Mais le prix lui est le facteur décisif pour les consommateurs », rappelle-t-il.
Selon une étude menée par la firme NielsenIQ, 36% des Québécois affirment qu’ils ne mettent plus d’aliments provenant des États-Unis dans leur panier, mais les actes ne suivent pas nécessairement les paroles lorsqu’on regarde les données de vente.
Les produits américains sont moins achetés, mais leur vente a chuté de 4,1% selon les chiffres compilés ces 12 dernières semaines (se terminant le 19 avril). Au cours de la même période, les produits canadiens ont connu une hausse de vente de 4,4%.
« On parle des 12 semaines qui ont été vraiment importantes parce qu’évidemment on parlait beaucoup de guerre tarifaire durant cette période. Alors est-ce que le comportement du consommateur a changé ? Oui, mais si on considère l’effet de l’inflation, le changement est plutôt modeste », assure Sylvain Charlebois dans une entrevue au Journal de Montréal. Alors, aller chercher plus de raisin en Afrique du Sud est-il souhaitable avec toutes les conséquences environnementales que cela soulève. À court terme certainement.