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Crédit photo: Eduardo Soares / Pexels
||| Économie

Les épiciers ont promis des rabais et des gels de prix, dit Champagne

6 octobre 2023

Les grands épiciers du pays ont promis que leurs clients pourront très bientôt profiter de rabais considérables sur des produits alimentaires qui constituent les achats les plus importants pour la majorité des foyers, des gels de prix et des campagnes de garantie du meilleur prix. « Je vous invite à regarder les circulaires qui commencent à sortir ce matin des différentes bannières et vous allez voir différentes offres », a déclaré jeudi le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

Le gouvernement de Justin Trudeau avait prévenu à la mi-septembre qu’il donnait aux PDG des cinq plus grandes chaînes de supermarchés jusqu’à l’Action de grâce pour fournir leur plan visant à stabiliser les prix des aliments en épicerie, faute de quoi il menaçait d’imposer des punitions fiscales.

Et le ton des épiciers a changé au Canada, a insisté M. Champagne, qui avait convoqué leurs dirigeants dès le premier jour de la session parlementaire. D’autres rencontres ont par la suite été tenues, entre autres avec des entreprises manufacturières internationales telles que Nestlé et Kraft Heinz.

Questionné à savoir s’il est satisfait du plan proposé par les épiciers, M. Champagne a répondu que ce n’est pas dans sa nature de l’être dès la première mouture. « C’est des premiers pas, c’est des actions initiales, a-t-il dit. Et on n’exclut rien évidemment pour le moment. On est au début d’un grand processus qu’on a lancé pour stabiliser les prix au pays. » M. Champagne estime cependant que l’étendue et la portée du plan constituent du jamais vu au Canada. Il mise désormais sur la concurrence.

« Rien de nouveau »

Le sujet a rebondi quelques minutes plus tard lors de la période des questions où le chef conservateur Pierre Poilievre en a fait ses choux gras. Selon lui, le ministre, qu’il a qualifié de « dindon de la farce » et dont il s’est amusé du nom de famille, n’offre rien de plus que des photo op (séances de photos). « Mais les Canadiens ne peuvent pas manger des photo op, ils ont besoin de la dinde ou d’autre nourriture pour manger », a-t-il continué.

Le ministre Champagne lui a répondu qu’il n’entend pas écouter ses conseils en matière d’économie et s’est moqué de sa déclaration de la veille voulant que des dindes se vendent désormais jusqu’à 120 $. « La dernière fois qu’il a conseillé aux Canadiens, c’était d’acheter de la crypto, a-t-il rétorqué. Et là, il suggère aux Canadiens d’acheter des dindes à 120 $. Ben j’ai des nouvelles pour lui : j’ai trouvé une Butterball à 30 $ que je pense que je peux livrer à sa résidence officielle. »

Au Bloc québécois, on considère également que le ministre a fait « une annonce de façade qui ne contient rien de nouveau, et surtout rien de concret » pour réduire dès maintenant le prix du panier d’épicerie. « Au-delà de l’exercice de communication, il faut absolument que le ministre agisse avec transparence et rende publics les engagements des épiciers afin que la population puisse voir réellement les mesures prises et si elles sont vraiment respectées », a affirmé le porte-parole en matière d’industrie, Sébastien Lemire.

À son arrivée au parlement, le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, a demandé à voir les circulaires du ministre et douté que les prix soient en train de se stabiliser. « Ce n’est pas ça qu’on entend sur le terrain, pas dans mon comté en tout cas, a-t-il dit. Les gens en arrachent. Et la petite demande de M. Champagne de stabiliser des prix qui sont déjà trop élevés, ce n’est pas suffisant pour nous autres. »

Autres mesures

Ottawa a également annoncé jeudi une série d’autres mesures pour lutter contre les prix élevés du panier d’épicerie. Le Bureau de la consommation sera renforcé en créant un groupe de travail dédié au secteur des épiceries. Il aura notamment pour mandat de surveiller les progrès des engagements pris notamment par les épiciers et les manufacturiers, ainsi que d’enquêter pour démasquer des pratiques comme la « réduflation » et la « déqualiflation ».

Le gouvernement lancera aussi un « carrefour de données sur les prix des aliments » afin de rendre davantage disponibles des données sur les prix des aliments et la répartition des coûts dans la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire. « Avec plus de transparence dans les prix, les plus petits joueurs seront mieux outillés pour négocier », a déclaré le ministre Champagne.

Et puis, le gouvernement Trudeau rappelle qu’il a récemment déposé un projet de loi pour moderniser la Loi sur la concurrence. Par exemple, de grands centres commerciaux incorporent des clauses interdisant la présence d’un épicier indépendant dans un certain rayon d’un supermarché, a illustré M. Champagne, expliquant que des bannières qui souhaitent s’installer dans les centres commerciaux sont incapables de le faire.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, qui était à ses côtés, a imploré le chef conservateur Pierre Poilievre de laisser tomber les délais procéduraux et de permettre au projet de loi de progresser.

(avec La Presse Canadienne)

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Mots-clés: Québec